Face à l'UE, l'Afrique fait entendre sa voix au sommet de Lisbonne
2007-12-09 18:22:26LISBONNE (AFP)
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Le président ghanéen John Kufuor, président en exercice de l'Union africaine, le 9 décembre 2007 à Lisbonne
Européens et Africains ont adopté dimanche à Lisbonne les principes d'un partenariat "d'égal à égal", censé ouvrir une nouvelle page de leurs relations, au terme d'un sommet où l'Afrique a fait entendre ses exigences, parfois avec véhémence, sur cet avenir commun.
Evénement
Des désaccords ont été publiquement exprimés sur les négociations commerciales en cours entre les deux continents, sur le passif colonial, ou encore sur le Zimbabwe, dont le président Robert Mugabe s'est livré à une violente diatribe contre l'Union européenne qui l'avait critiqué la veille.
Le deuxième sommet UE-Afrique "a véritablement tourné une page dans l'histoire", a déclaré le Premier ministre portugais José Socrates dans son discours de clôture. "C'est vrai que l'histoire de nos continents est une histoire avec des souffrances", a-t-il reconnu, mais "cette nouvelle page qui s'ouvre est une page vierge sur laquelle nous serons appelés à écrire".
Le président ghanéen John Kufuor, président en exercice de l'Union africaine, a également jugé qu'il s'agissait d'un "événement historique dans les relations UE-Afrique", tout en réclamant que le partenariat adopté soient "sérieusement mis à l'oeuvre".
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Pour le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, ce "partenariat" a vocation à aider l'Afrique à sortir de son "rapport inégalitaire avec le reste du monde".
Alors que l'Europe reste le premier partenaire commercial de l'Afrique, elle subit de plein fouet la concurrence de puissances émergentes, la Chine en tête.
Près d'un demi-siècle après les indépendances, les relations entre l'Afrique et l'Europe sont bien plus complexes, voire sensibles, que celles nouées avec ces nouveaux partenaires, et les contentieux n'ont pas manqué d'éclater au grand jour.
Au terme de débats riches même si souvent discordants entre les deux parties, le sommet s'est achevé sur un discours véhément de Robert Mugabe, dont la présence avait entraîné le boycott de la réunion par le Premier ministre britannique Gordon Brown.
En session plénière, il a dénoncé "l'arrogance" et le "complexe de supériorité" de l'UE et de quatre pays en particulier (Allemagne, Suède, Danemark, Pays-Bas) qui ont critiqué la situation des droits de l'homme dans son pays.
"Le Zimbabwe ne sera plus jamais une colonie", a lancé M. Mugabe, soumis à des sanctions européennes depuis 2002.
La veille, la chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré que "la situation actuelle du Zimbabwe nuit à l'image de la nouvelle Afrique", s'attirant les critiques de plusieurs dirigeants africains, qui avaient fait de la présence de M. Mugabe au sommet une question de principe.
Le passif colonial a été un autre sujet sensible. Dans une intervention très remarquée à l'ouverture du sommet, M. Konaré a exigé un "devoir de mémoire vis-à-vis de la traite négrière, de la colonisation, de l'apartheid, du génocide rwandais".
De son côté, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi appelait les Européens à rembourser les ressources "volées" lors de la colonisation ou alors à se tenir prêts à accueillir les migrants africains chez eux.
La question épineuse des accords de partenariat économique a également occupé une grande place lors de ce sommet, M. Konaré dénonçant le "forcing" des Européens dans les négociations avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
La Commission européenne a fait un geste dimanche en acceptant de discuter début 2008 des inquiétudes de ces pays, qui craignent notamment que l'abaissement progressif des tarifs douaniers sur les importations de produits européens ne fragilise encore leurs économies.
Concernant le Darfour, les Européens ont enfin demandé au président soudanais Omar el-Béchir qu'il facilite le déploiement de la force de paix ONU-UA dont il refuse la composition proposée par les Nations unies.
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