quinta-feira, 1 de novembro de 2007

Eis a justiça e vingança tardia...



Trois ans et demi après les attentats à Madrid du 11 mars 2004, ayant fait 191 morts, le verdict du mégaprocès tenu dans la capitale espagnole demeure bien en deçà de ce que réclamait l’accusation : 7 des 28 accusés ont été acquittés. Sur les 8 principaux terroristes présumés, seuls 3 écopent de la peine maximale, soit quarante ans de prison.

Quelle est la signification de ce procès ?

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ceux de Madrid sont les plus importants perpétrés en Occident par des terroristes se réclamant de la nébuleuse Al-Qaeda. Au lendemain du massacre, les enquêteurs, aidés par certains indices (notamment une bombe n’ayant pas explosé), ont rapidement remonté la filière islamiste, pratiqué des dizaines d’arrestations (116 au total) et identifié des suspects. Ce qui permet aujourd’hui au juge de l’Audience nationale – la plus haute juridiction pénale espagnole –, Javier Gómez Bermúdez, d’être le premier magistrat à délivrer une sentence concernant un attentat imputé à la mouvance Al-Qaeda commis dans un pays occidental. Tenu sous d’exceptionnelles mesures de sécurité depuis février, dans la capitale espagnole, ce procès aura battu tous les records : un dossier d’instruction de près de 94 000 pages, 650 témoins, 98 experts, une cinquantaine d’avocats, des séances d’interrogatoire retardés par la nécessité de la traduction en arabe… Malgré certaines polémiques, le juge Gómez Bermúdez a fait l’unanimité pour avoir «tenu» ce procès-fleuve avec fermeté, et pour s’être montré inflexible aussi bien vis-à-vis des accusés (lorsque ceux-ci ont tenté une grève de la faim) que d’une partie de l’accusation, soutenue par la droite, tentant de faire croire à une participation des séparatistes basques d’ETA.

Pourquoi le verdict est-il moins sévère que le réquisitoire ?

L’accusation avait réclamé au total 311 865 années de prison pour les 28 inculpés. La sentence est jugée plutôt clémente avec l’acquittement de trois des huit principaux accusés. Elle traduit les certitudes, mais aussi les doutes des juges. Côté certitudes, figurent la préparation et l’exécution des attentats. D’où le fait que certains suspects écopent de la peine maximale de quarante ans fixée par le code pénal espagnol : Emilio Trashorras, l’Espagnol qui a fourni les explosifs et deux poseurs de bombe marocains, Jamal Zougam et Al-Gnaoui. En outre, les juges sont convaincus que le coup a été monté par des jihadistes inspirés par Ben Laden et liés aux attentats de Casablanca (mai 2003), avec l’aide de trafiquants de haschisch résidant à Madrid, en majorité d’origine marocaine. Trois semaines après le massacre, sept terroristes menacés par la police s’étaient donné la mort. Parmi eux, la majorité des poseurs de bombe et les organisateurs de la cellule terroriste, Serhane ben Abdelmajid, «le Tunisien», et Jamal Ahmidan, «le Chinois». Les juges se sont montrés en revanche plutôt cléments avec les autres cerveaux présumés : Rabei Osman, «l’Egyptien», est acquitté. Quant aux Marocains Youssef Belhadj et Hassan al-Haski, leur peine ne dépasse pas douze et quinze ans de prison, pour simple «appartenance à une organisation terroriste».

Quels étaient leurs mobiles ?

Les médias sont persuadés que le massacre de Madrid a été perpétré pour punir José María Aznar, alors Premier ministre, de s’être engagé en Irak. Le 14 mars 2004, le socialiste José Luis Zapatero emportait les législatives et, suivant une promesse bien antérieure, ne tardait pas à rappeler d’Irak les soldats espagnols. D’après le dossier d’instruction, cette thèse était défendue par Ben Abdelmajid «le Tunisien», assurant qu’il fallait «châtier Aznar» pour son soutien à l’invasion américaine. Mais des spécialistes du terrorisme islamique, comme Fernando Reinares, pensent que la question irakienne n’était qu’un prétexte pour frapper un pays infiltré depuis les années 90 par des jihadistes influents (dont Mustafa Setmarian), décidés à venger la perte d’Al-Andalus, la domination musulmane dans la péninsule ibérique entre le VIIe et le XVe siècle.

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